L’équitation est bien plus qu’une simple pratique sportive. C’est un art ancré dans une riche histoire, un loisir qui passionne des millions de personnes à travers le monde et un sport qui brille aux Jeux Olympiques depuis 1912. D’ailleurs, pour assurer la pérennité des sports équestres, il est essentiel qu’ils évoluent en harmonie avec les préoccupations de la société contemporaine. Cela englobe divers aspects tels que la médiatisation pour attirer un plus large public, la démocratisation de la pratique pour rendre l’équitation accessible à tous, mais surtout, le bien-être du cheval de sport.
Il est encourageant de constater que de plus en plus de cavaliers prennent le temps de s’interroger sur leur pratique. Cette réflexion est saine et témoigne de l’évolution des mentalités dans le monde équestre. Toutefois, il est essentiel de trouver un juste milieu entre une autocritique constructive et une fermeture d’esprit. La clé réside dans la recherche d’une équitation responsable et éthique, où le bien-être du cheval est au centre des préoccupations.
Un sport historique
« Le culte de la tradition n’exclut pas l’amour du progrès »
Colonel Danloux, écuyer en chef de 1929 à 1933
L’histoire des sports équestres a débuté avec une vocation militaire. En effet, de nombreux grands maîtres, écuyers et écrivains qui ont posé les bases de l’équitation étaient des militaires. Cet héritage nous offre une véritable culture équestre, riche en connaissances transmises à travers les siècles. Les conseils prodigués dans ces ouvrages anciens sont encore d’actualité de nos jours. Cependant, malgré cet héritage précieux, nous devons rester ouverts aux avancées scientifiques, aux évolutions du matériel utilisé et aux changements de mentalité.
Se former
Pour évoluer vers une équitation plus éthique, il est impératif de se former et de se renseigner. Les programmes de formation équestre destinés aux jeunes cavaliers ne sont pas toujours suffisamment approfondis. Les connaissances des professionnels peuvent également varier.
Mais pourquoi attendre que la connaissance arrive de quelqu’un d’autre ?
Internet offre désormais une multitude de ressources pour acquérir des compétences dans tous les domaines liés au cheval. Cela va de la nutrition à la biomécanique, en passant par le comportement. Cultiver notre curiosité et approfondir nos connaissances contribuera à améliorer la relation entre l’homme et le cheval.
Attention à l’anthropomorphisme
Une attention particulière doit être portée à l’anthropomorphisme, qui consiste à attribuer aux chevaux des émotions et des besoins humains. Si se mettre à la place de son cheval peut être bénéfique pour mieux le comprendre, il est primordial de ne pas lui imposer nos propres désirs. Laisser le cheval exprimer ses comportements naturels et lui offrir des choix plutôt que de le contraindre est essentiel pour favoriser son bien-être.
Par exemple, un humain va rajouter un blouson s’il y a du vent, mais est-ce que votre cheval a besoin de cela ? Est-ce que ça ne va pas créer d’autres problèmes ? Il existe de nombreuses méthodes pour laisser plus de choix au cheval, la première est de savoir l’observer et ne pas lui imposer les choses systématiquement.
Quelques éléments de base pour s’assurer du bien-être du cheval
Il existe quelques bases, présentées par l’IFCE par exemple, pour définir ce qu’est le « bien-être ». Voici les points essentiels :
- Absence de faim, de soif
Effectivement, comme tout être vivant, cela reste la priorité. Il faut savoir aller dans plus de détails et se renseigner sur la qualité des aliments distribués, la proportion de fourrage, l’accès à l’herbe etc…
- Présence d’abris appropriés et maintien du confort
Les chevaux doivent disposer d’un confort adapté, pouvoir bouger mais aussi être protégés en cas de météo extrême.
- Absence de maladies ou de blessures
Quand on détient un équidé, il en est de notre responsabilité de lui apporter les soins adaptés et de porter attention à son intégrité physique.
- Possibilité d’exprimer les comportements normaux de son espèce
Le cheval doit avoir accès à un espace de repos où il est libre de se mouvoir. De plus, il doit pouvoir avoir des contacts sociaux avec ses congénères (entendre, toucher, voir, sentir).
- Absence d’anxiété
Le point certainement le plus complexe, le cheval étant une proie dans la nature. Cependant, à nous de limiter ce stress avec moins de situations nouvelles, être progressif dans le travail, etc.
N’hésitez pas à vous rendre sur le site de l’IFCE pour plus de détails. Si déjà vous remplissez un maximum de critères et que vous travaillez à améliorer les restants, les conditions de vie de votre cheval sont plutôt bonnes. Il existe aujourd’hui de nombreuses solutions pour améliorer le cadre de vie des chevaux : sorties au paddock, écuries actives, boxes avec terrasses, etc.
Quid du sport
Comment le pratiquer tout en préservant l’intégrité physique et mentale du cheval ? Vaste question, difficile d’avoir une réponse universelle.
La performance, l’indicateur clé du bien-être du cheval de sport ?
Les bons résultats sont le signe que vous évoluez au bon niveau. C’est important dans la gestion sportive de son cheval. C’est également, en règle générale, le signe que votre entraînement est adapté à vos objectifs. C’est donc une certaine indication de la forme du cheval à un instant T. Le signal est d’autant plus fiable quand on arrive à progresser ou au moins maintenir un niveau mois après mois.
Cependant, il est primordial de ne pas considérer la performance comme l’unique indicateur du bien-être du cheval. Les résultats obtenus ne reflètent pas nécessairement son état mental et physique. Les chevaux sont généreux et peuvent parfois dépasser leurs capacités, ce qui peut masquer des signes d’inconfort ou de douleur. Il est donc de notre responsabilité de rester attentifs et vigilants pour protéger nos chevaux.
Utiliser le bon matériel
Pour pratiquer un sport dans de bonnes conditions, autant ne pas avoir de cailloux dans la chaussure (dans ce cas on a le droit à l’anthropomorphisme). Tout ce qui est en contact avec le cheval, des guêtres au filet, doit être pensé pour son confort. Du matériel en bon état et à la bonne taille est primordial. Un élément important est la selle puisqu’elle est l’interaction entre le cavalier et son cheval. Si elle est bien adaptée, elle limitera l’impact du poids du cavalier sur le dos du cheval.
La recherche d’harmonie
Bien exécuté, un parcours de saut d’obstacles, est un très bref instant (environ 1min30) partagé entre un cavalier et sa monture. Ici, il faut être honnête, nous n’apportons pas tous le même moment à notre cheval. N’empêche qu’un parcours bien exécuté avec un cheval en pleine forme, évoluant à son niveau, peut vivre ce moment sereinement, peut-être même se prendre au jeu…
Quand on voit certains des meilleurs cavaliers, comme Marcus Ehning lors du dernier Grand Prix d’Aix-la-Chapelle, on peut voir à quel point ce sport est magnifique. Stargold galopant, sans martingale, en filet, les oreilles en avant, avec un cavalier d’une extrême discrétion, est un moment de grand sport et de grand spectacle. Stargold est un étalon qui nous a offert une performance hors du commun et il sort de piste tout à fait relâché. Comme quoi on peut pratiquer ce sport d’une manière saine et adaptée.
https://www.youtube.com/watch?v=TvV5hGiSE0k
Évidemment, nous ne montons pas comme ce cavalier, mais nous n’évoluons pas non plus sur le même parcours. Pour tous les pratiquants, tendons vers une équitation simple, sans artifice et adaptée à notre niveau.
Observer le cheval
S’il y a un conseil universel et s’il fallait ne retenir qu’une chose de ces quelques lignes, c’est que nous devons observer nos chevaux. De nombreux travaux existent sur les signes qu’ils peuvent nous montrer. Oreilles en arrière, narines retroussées, fouaillement de la queue … tout cela sont des expressions d’inconfort. Pareil pour un cheval qui charge les obstacles ou au contraire qui ne veut pas rentrer sur la carrière. Cherchons les causes de ces actions.
Pour lier une bonne relation ou mieux le connaître, observez votre cheval. Nous conseillons de passer du temps avec lui. Essayez d’avoir du temps « gratuit », sans rien demander, regardez-le évoluer au paddock ou manger dans son box. Votre présence ne sera pas exclusivement liée à du travail ou même à des soins (qui ne sont pas nécessairement appréciés …).
Le bien-être du cheval serait-il dans la nature ?
La vie à l’état sauvage n’est pas dépourvue de défis et de risques, et la domestication a permis à l’homme de développer une relation privilégiée avec ces animaux. Il est donc crucial de chercher à comprendre les besoins spécifiques des chevaux domestiqués. Cela permettra de mieux les accompagner dans leur quotidien.
Aucune étude ne prouve aujourd’hui que cette vie peut leur apporter plus de bien-être. Ils seraient sujets à des prédateurs, des maladies, des problèmes de dents, au manque de nourriture, etc.
Pour mieux comprendre comment vivent les chevaux à l’état sauvage et donc mieux comprendre les chevaux domestiqués, nous vous proposons ce webinar sur « Les idées reçues sur les chevaux sauvages ».
On y apprend par exemple que l’âge moyen du décès d’une jument à l’état naturel est de 7,8 ans +/- 2.06 ans d’après Berger en 1986… Preuve que la vie à l’état sauvage est pleine de défis.
Comment ne pas en parler ?
En effet, si votre cheval est en bonne santé, performant et que vous entretenez une relation harmonieuse avec lui, vous êtes sur la bonne voie. Il n’est pas nécessaire de remettre en question chaque aspect de votre pratique équestre en permanence. Votre état d’esprit et votre sérénité ont un impact direct sur le bien-être de votre compagnon équin. Un cavalier détendu et confiant contribue à rassurer le cheval, favorisant ainsi une relation de confiance et de complicité.
Cependant, il est regrettable d’entendre encore trop souvent dans les écuries des discours empreints d’ignorance ou peu convaincants. Ces idées préconçues ou mal informées nuisent à l’image de l’équitation en tant que sport responsable et respectueux du cheval. Des expressions telles que « il a fait exprès de m’embêter » ou « il a fait semblant d’avoir peur » révèlent une dérive d’anthropomorphisme. Cette vision déformée des comportements équins ne fait que nous éloigner de leur réalité propre.
Il est essentiel de se rappeler que le cheval n’est pas moins honnête que l’homme. En effet, chaque action ou réaction de cet animal a une cause, liée à ses instincts, à ses besoins ou à son environnement. Comprendre ses motivations nous aide à mieux interagir avec lui et à favoriser son bien-être.
« Beaucoup de cavaliers sont malheureusement dans l’ignorance et ont perdu à l’esprit l’essence même du cheval, animal proie qui doit son salut à la fuite. » Nicolas Blondeau
Certains peuvent soutenir que l’on ne peut pas obliger un animal de 500 kg à faire quelque chose qu’il ne veut pas. Pour nous ce n’est pas un « argument » très pertinent. L’homme a la capacité de forcer d’autres êtres vivants, humains ou animaux, à accomplir des actions contre leur volonté. Une approche basée sur la collaboration et le respect de l’animal est préférable … Mais bonne nouvelle, l’Homme en est capable également !
Conclusion
En tant que cavalier, nous devons approfondir la technique équestre pour une équitation toujours plus efficace en tirant profit des connaissances biomécaniques, physiologiques et éthologiques liées au cheval. Mieux respecter sa nature intrinsèque rendra la pratique sportive moins contraignante.
Pour une équitation éthique et respectueuse du bien-être du cheval, il est essentiel de faire preuve d’ouverture d’esprit, d’apprendre et de se former continuellement. En évitant les dérives d’anthropomorphisme mais en considérant le cheval comme un être sensible et intelligent, nous pouvons établir une relation basée sur la confiance, l’harmonie et le respect mutuel. C’est ainsi que l’image de l’équitation en tant que sport sera préservée et renforcée, pour le bénéfice de tous les passionnés de cette magnifique discipline équestre.
Enfin, si vous vous retrouvez dans cet article, ne culpabilisez pas de monter sur votre cheval, mais participez plutôt à défendre une équitation responsable !
En bref :
- Offrir un cadre de vie agréable.
- Engager les épreuves adaptées et s’entraîner justement.
- Rechercher la belle équitation en s’inspirant des bonnes personnes.
- Utiliser du matériel adapté.
- Observer et passer du temps avec son cheval.
- Être ouvert d’esprit et se former.
- Se faire accompagner par des professionnels et être curieux de tous les aspects de la vie des chevaux. (RyLife peut vous accompagner dans tout cela.)
Liste non exhaustive, n’hésitez pas à commenter…
Vive les chevaux et vive les sports équestres !