À l’état naturel, le cheval vit en groupe selon une hiérarchie bien précise. Avec ses congénères, ils passent leur temps à brouter et à surveiller leur environnement pour se protéger des prédateurs. Aujourd’hui, le cheval est majoritairement un animal domestique apprivoisé par l’Homme. Vivant au pré ou en box, les sources de stress chez le cheval n’en restent pas moins nombreuses.
À travers cet article, nous vous aidons à mieux comprendre cette émotion, ses sources et ses conséquences.
Quels sont les facteurs de stress pour le cheval ?
À l’origine, le premier facteur de stress chez le cheval était la prédation. Aujourd’hui, cependant, les sources de stress se sont multipliées. La domestication du cheval par l’Homme a créé de nouvelles situations de vie quotidienne auxquelles le cheval doit s’adapter. Et donc, par conséquent, de nouvelles sources de stress.
Parmi ces sources, on retrouve principalement :
- Le changement d’environnement ou de climat
- La conception de l’écurie et du box dans lequel le cheval vit
- Le transport
- Les interventions des spécialistes de soin (maréchal-ferrant, vétérinaire, ostéopathe…)
- Les conditions de travail
- La compétition
Chaque source de stress est ressentie différemment selon chaque cheval. Bien sûr, le cavalier peut aussi être une source de stress ! En effet, le cheval est une « éponge », c’est-à-dire qu’il ressent nos émotions et les absorbe. Ainsi, le cavalier peut transmettre son stress à son cheval de différentes manières (appréhension de l’obstacle, peur en concours par exemple).
Le saviez-vous ?
Le stress et l’anxiété sont deux phénomènes différents, qui peuvent aussi être cumulatifs. En état de stress, votre cheval va notamment avoir des difficultés à s’adapter à une situation extérieure. L’anxiété, quant à elle, est plutôt un trait de caractère que le cheval peut acquérir avec le temps.
Rassurez-vous, le stress n’est pas une maladie ! Effectivement, il arrive que le rythme cardiaque et la respiration du cheval accélèrent pendant un épisode de stress, mais ces signes sont juste l’expression d’une inquiétude de la part de votre cheval.
Quels sont les indicateurs de stress chez le cheval ?
Le cheval, comme bien d’autres animaux, est très attentif au monde qui l’entoure. Il peut montrer son stress à travers un changement de son comportement ou de son physique. Et il peut aussi communiquer son stress à ses congénères. Le cavalier peut remarquer ce sentiment de stress grâce à des signes tels qu’une augmentation de la fréquence cardiaque et/ou respiratoire.
D’autres signes peuvent vous permettre de savoir si votre cheval est dans une situation de stress ou d’anxiété. En voici quelques-uns :
- Perte de forme physique et/ou mentale
- Manque de concentration pendant le travail
- Hypervigilance, agressivité (pendant les soins par exemple)
- Réactions disproportionnées, mouvements brusques
- Sudation importante
- Perte d’appétit
- Mauvaise digestion
- Nombreux crottins voire diarrhées
On se concentre ici sur 2 indicateurs importants, qui sont plutôt faciles à déceler pour un cavalier (peu importe son niveau) :
1- La communication auditive
Le cheval communique, que ce soit avec ses congénères ou avec d’autres espèces, à travers les différents sons qu’il produit. La communication auditive englobe donc tous les sons qu’un équidé est capable d’émettre.
Le hennissement
Ce son est principalement utilisé par le cheval lorsqu’il veut signaler sa présence ou appeler ses congénères. En effet, le hennissement peut être entendu sur près d’un kilomètre ! Si le cheval hennit de manière longue et forte, cela peut indiquer qu’il est en situation de stress.
Le couinement
C’est LE son caractéristique lorsque deux chevaux se rencontrent et se sentent pour la première fois ! Potentiellement suivi par un joli lancé d’antérieurs si les deux chevaux veulent jouer. 😅
L’appel de contact
D’un ton assez aigu, ce son a une connotation plutôt positive ; comme lorsqu’une jument appelle son poulain par exemple. C’est souvent un son que le cavalier peut entendre lorsque son cheval hennit à son approche.
Le râle
Le cheval fait souvent ce bruit lors d’un effort important. Ça peut être lors d’un gros saut par exemple, ou même tout simplement lorsqu’il se roule, se couche ou s’étire.
Le ronflement
Il correspond aux moments où le cheval inspire et expire de manière intense par les naseaux. Ce son peut avoir de nombreuses significations : découverte d’une nouvelle odeur, sentiment de danger, situation stressante… À vous d’analyser votre cheval pour en comprendre l’explication !
Analyser comment son cheval communique avec son environnement est très important pour le cavalier. Cela lui donne des indications précieuses sur l’état psychologique et physique de son cheval.
2- Les troubles comportementaux
En période de stress, le cheval peut également développer des troubles du comportement, appelés « stéréotypies ». Elles se développent souvent par imitation, à cause de la solitude ou encore de l’ennui ou du stress. Il existe plusieurs catégories de stéréotypies :
Les stéréotypies orales
Ces stéréotypies sont dites orales car elles font intervenir la bouche du cheval. Les plus répandues sont le tic à l’air et le tic à l’appui.
Lorsqu’il tique à l’air, le cheval ouvre la bouche, contracte les muscles de sa gorge et fléchit son encolure. Il émet alors un bruit très caractéristique en ingérant (ou en expirant, les deux sont possibles !) de l’air.
Lorsqu’un cheval tique à l’appui, il saisit un support entre ses dents (une porte, une mangeoire, un arbre…) et effectue le même geste que lors du tic à l’air.
Les stéréotypies locomotrices
Ces stéréotypies sont dites locomotrices car elles impactent le plus souvent les membres ou le tronc du cheval. À long terme, elles peuvent avoir un effet néfaste sur l’appareil locomoteur, qui ne sera pas sollicité de manière appropriée. Les stéréotypies locomotrices les plus connues sont le tic à l’ours et l’encensement.
Un cheval qui tique à l’ours se balance d’un antérieur à l’autre, en déportant son poids alternativement sur chaque membre. Lors de l’encensement, le cheval a plutôt tendance à effectuer des mouvements violents de la tête, de bas en haut ou de droite à gauche.
Un cheval atteint de stéréotypies va donc répéter les mêmes gestes inlassablement. Plus une stéréotypie est détectée tôt, moins elle sera difficile à écarter. Attention cependant, empêcher un cheval qui tique de le faire n’est pas forcément une bonne chose. Il faut en premier temps en déterminer les causes et changer les habitudes du cheval afin de le faire cesser. Par exemple, si le tic est causé par l’ennui, il faudra augmenter les sources de stimulations du cheval (jeux, sorties, foin, congénères…).
Quelles sont les conséquences du stress pour le cheval ?
Quelle qu’en soit la source, le stress est une émotion négative qui peut avoir des conséquences importantes pour votre cheval.
Les blessures
Un cheval stressé peut devenir dangereux, pour lui-même comme pour son entourage. En période de stress, il peut avoir des réactions imprévisibles et incontrôlées. Son instinct de fuite reprendra le dessus, et le cheval pourra par exemple s’enfuir sans se rendre compte du danger qui l’entoure.
Chez les chevaux atteints de stéréotypies, on remarque aussi souvent des dégradations prématurées des dents (qui s’abiment plus rapidement à cause de l’appui), des ligaments et/ou des muscles (qui sont fortement sollicités par les balancements).
Les problèmes digestifs
Lorsque le cheval est stressé, sa fonction digestive se dérègle. En conséquence, l’acide présent dans son estomac se développe, ce qui peut provoquer des inflammations ou des lésions. Si le taux d’acide est trop important dans l’estomac, le cheval est plus sensible aux ulcères gastriques et aux coliques.
Le saviez-vous ?
Les ulcères gastriques sont un phénomène de destruction, plus ou moins profonde, de la muqueuse de l’estomac. Ils sont souvent dus à une augmentation de la quantité d’acide chlorhydrique dans l’estomac et à une diminution de la production de mucus, ce qui rend la muqueuse plus vulnérable. Très douloureux pour le cheval, les ulcères gastriques peuvent aussi engendrer l’apparition de coliques.
Les coliques sont des douleurs abdominales d’origine digestive. Elles se traduisent par un ralentissement (voire un arrêt) du transit. Il existe plusieurs types de coliques, dont certaines nécessitent une intervention chirurgicale. En effet, l’évolution d’une colique est très rapide et les conséquences peuvent être très graves pour le cheval (torsion de l’estomac ou des intestins, décès). En cas de doute, appelez votre vétérinaire rapidement !
La perte d’état
Le stress peut aussi provoquer une baisse de forme générale chez le cheval. Souvent, cela se traduit par une perte d’état musculaire, de l’amaigrissement ou encore une baisse de la concentration. Votre cheval sera alors moins énergique et moins à l’écoute de vos demandes.
Si le stress cause l’amaigrissement de votre cheval, il est important de le nourrir à heures régulières et dans un endroit calme afin qu’il prenne le temps d’ingérer correctement ses aliments. La visite d’un vétérinaire est aussi fortement conseillée, afin d’obtenir une alimentation et un traitement (compléments, probiotiques…) adaptés.
Comment éviter les situations de stress à votre cheval ?
Le plus important est tout d’abord de déterminer les sources de ce stress. Pour cela, il est nécessaire d’observer et analyser attentivement votre cheval. Une fois ces sources identifiées, vous pourrez mettre en place des solutions adaptées à votre cheval : exercices de désensibilisation, nouvelles habitudes, etc. Vous devriez éviter de laisser votre cheval dans une situation stressante trop longtemps ou trop régulièrement.
Il est aussi important que votre cheval ait suffisamment à manger tout au long de la journée, principalement du fourrage pour éviter les problèmes digestifs et comportementaux. Votre cheval doit aussi avoir un accès continu à de l’eau fraîche et propre. Évitez par exemple les grands bacs d’eau stagnante dans les prés, qui peuvent provoquer le développement de bactéries.
Sortir votre cheval régulièrement est aussi un bon moyen de lui changer les idées, et d’éviter les situations d’ennui. Vous pouvez ainsi partir en balade, lui faire un massage ou encore le sortir au paddock. Il est important d’ajouter à son quotidien des situations qui augmenteront le contact de votre cheval avec ses congénères. S’il vit en box, vous pouvez aussi lui donner des peluches ou des jouets afin de l’occuper.
Pendant l’entraînement, l’analyse de la fréquence cardiaque est aussi un bon indicateur de l’état de stress de votre cheval. Il existe aujourd’hui des outils d’aide à l’entraînement qui permettent de mesurer différentes caractéristiques physiques et locomotrices : le boîtier Equisense, le capteur Seaver ou encore la sangle iPULSE développée par le sellier CWD en partenariat avec la start-up Arioneo !
Passer du temps avec votre cheval, peu importe l’activité, permettra de renforcer votre lien ; ce qui ne sera que bénéfique pour son bien-être moral (et le vôtre !). 😉