Le suros est une excroissance osseuse, appelée également « tare dure ». Il désigne une bosse dure palpable à la surface d’un os long. Les suros sont le plus souvent situés sur les canons du cheval, principalement en face interne, sur les membres antérieurs ou postérieurs du cheval. Les suros peuvent aussi apparaître sur n’importe quel os du corps comme le paturon, le radius, le tibia, mais aussi au niveau de la tête. Ces localisations restent beaucoup moins fréquentes.
Les suros apparaissent suite à une inflammation du périoste. Le périoste du cheval est une fine enveloppe qui entoure l’os. Lors d’un traumatisme ou de surcharge, le périoste s’enflamme ou se décolle de la structure osseuse. L’os réagit en formant une prolifération osseuse afin de combler l’espace entre l’os et le périoste. Cette prolifération osseuse peut avoir plusieurs origines.
Quelles sont les causes d’apparition des suros ?
L’origine traumatique est la cause la plus fréquente. Il s’agit le plus souvent d’atteintes faites avec le membre opposé, dans le cas de suros en face interne. Ils peuvent également survenir après un coup donné par un autre cheval. Le choc peut concerner l’os rudimentaire ou principal du canon. Dans certains cas, le choc peut aller jusqu’à provoquer une fracture de l’os rudimentaire. Le suros peut alors être beaucoup plus important si la fracture n’est pas prise en charge correctement.
Une lésion du ligamentaire peut également être à l’origine d’un suros. Par exemple, la lésion du ligament suspenseur entre le métacarpien principal et rudimentaire peut entraîner une calcification formant un suros. Cette lésion peut être la conséquence d’un défaut d’aplomb, d’une élongation ou d’une sursollicitation du ligament.
Il existe également des suros de croissance. Ces derniers peuvent apparaître chez les jeunes chevaux, lors de périodes de croissance. Ces suros peuvent être considérés comme des adaptations temporaires du squelette et disparaître en fin de croissance.
Quelle que soit la cause d’apparition d’un suros, vous pouvez réaliser un examen clinique et radiographique, c’est fortement recommandé. Il permet d’objectiver les suros. En effet, il arrive que la déformation externe visible sur votre cheval soit assez discrète, mais que la déformation de l’os en interne soit importante. À l’inverse, une déformation très importante visible à la surface d’un os de votre cheval n’implique pas toujours un très gros suros. C’est le cas des stades assez précoces du suros. En fonction de l’emplacement du suros, ce dernier peut également créer des lésions tendineuses par frottement. L’examen radiographique permettra également de juger de l’ancienneté et de la stabilité du suros.
Quels sont les symptômes du suros chez le cheval ?
C’est généralement la localisation du suros et la sensibilité du cheval qui vont déterminer les symptômes visibles. Les suros ne provoquent pas systématiquement de boiterie. Dans le cas d’apparition de boiterie, son intensité diffère en fonction des cas.
Plus généralement, on distingue deux phases dans l’observation des symptômes de suros :
La phase aiguë correspond à la phase où l’inflammation est la plus importante. On peut alors retrouver les symptômes « classiques » de l’inflammation, à savoir douleur, chaleur, rougeur, gonflement. Le suros est douloureux à la palpation. Lors de la phase aiguë, la boiterie est liée à l’inflammation.
La phase chronique arrive ensuite, lorsque le suros est « stable ». Une fois l’inflammation terminée, elle ne provoquera normalement plus de boiterie. Une boiterie peut néanmoins persister. On parle alors de boiterie secondaire qui n’est pas liée directement au suros mais qui résulte de ses conséquences. C’est ce qui peut apparaître dans le cas d’un suros à proximité du suspenseur du boulet. La locomotion du cheval entraîne le frottement du ligament sur le suros et conduit à des lésions ligamentaires qui causent une boiterie. Cette boiterie sera liée à l’activité du cheval qui augmente les frottements. La mise au repos fera diminuer la boiterie.
Traitement des suros
Les traitements des suros ont pour objectifs de limiter la prolifération osseuse et ainsi éviter au maximum les conséquences sur les tissus environnants. Plus le suros sera pris en charge tôt, plus il y aura de chance d’en limiter sa croissance.
Généralement, le traitement des suros passe par l’administration d’anti-inflammatoires. D’autres traitements peuvent également être administrés.
La cryothérapie
La cryothérapie peut être utilisée pour « stabiliser » le suros. Elle permet d’arrêter le grossissement du suros mais pas de le faire diminuer. Cette technique est assez efficace mais peut néanmoins laisser une marque sur la zone traitée car le poil risque de repousser blanc. Il est possible également d’appliquer des guêtres froides (comme les Kentucky Cryo Ice Boots ou les guêtres refroidissantes Horze) ou encore de doucher régulièrement à l’eau froide.
Les anti-inflammatoires
Une fois la phase inflammatoire passée, le suros est stable. Les anti-inflammatoires n’ont donc plus d’action. Lorsque le suros est stable, il est très difficile de le faire réduire de taille. On peut néanmoins avoir recours à des traitements tels que le laser ou les ondes de choc pour tenter de réduire le cal osseux. Une autre méthode consistant à « réveiller » l’inflammation en cherchant un effet vésicatoire peut être effectuée sous le contrôle d’un vétérinaire. Elle consiste à effectuer des frictions de teinture d’iode à la surface du suros préalablement tondu. D’autres substances peuvent avoir cet effet chauffant en limitant le risque d’irritation pouvant survenir avec l’application de teinture d’iode. C’est le cas du gel Capsiblist formulé par le laboratoire Audevard.
Lorsque l’apparition d’un suros est liée à un défaut d’aplomb, l’intervention du maréchal est nécessaire.
L’opération des suros du cheval
En dernier recours, le vétérinaire peut procéder à une chirurgie. Cette intervention est effectuée dans les cas où le suros entraîne une gêne importante, notamment dans le cas de frottement sur un tendon ou un ligament. La chirurgie consiste à enlever l’excédent d’os. Il y a néanmoins un risque que le suros réapparaisse lors de la cicatrisation.
Comment prévenir l’apparition des suros du cheval?
Il existe différentes solutions permettant de prévenir l’apparition des suros.
La première consiste à adapter l’alimentation du cheval en croissance. Donnez une ration équilibrée à votre jeune cheval pour que son squelette se développe le mieux possible. Elle doit comporter un bon ratio phospho-calcique, ainsi que les minéraux, oligo-éléments et vitamines essentiels à son métabolisme osseux. Pensez également à limiter l’apport d’amidon pouvant favoriser les pathologies comme l’ostéochondrose. Il existe des compléments à donner avec la ration de votre cheval, formulés pour apporter un soutien nutritionnel adapté aux besoins des os du cheval, comme le Ekyflex Osteo proposé par le laboratoire Audevard.
La surveillance continue du poids de votre cheval est également très importante. Un cheval en surpoids aura tendance à surcharger ses membres. Cette surcharge peut être un facteur favorisant l’apparition de suros mais peut également conduire à l’apparition d’arthrose.
Un suivi régulier par le maréchal ou le pareur est également essentiel pour limiter les risques d’apparition de suros liés à de mauvais aplombs.
L’exercice physique trop intense ou inadapté chez le jeune cheval en croissance peut avoir des conséquences sur son développement squelettique. Il est important d’avoir un travail modéré le temps que l’ossature du cheval est encore en croissance.
La protection des membres est un moyen simple de prévenir l’apparition des suros d’origine traumatique. Il existe une large gamme de protection sur le marché permettant de protéger votre cheval au travail, au paddock, lors des transports, … Un guide a été élaboré pour vous aider à choisir le type de protection le plus adapté aux besoins de votre cheval.
Conclusion
Les suros sont une affection fréquente chez le cheval. Ils font partie de ce qu’on appelle aussi « tare dure » et sont généralement facilement identifiables. Majoritairement sans gravité, les suros ne compromettent pas la carrière de votre cheval s’ils sont bien pris en charge. Cependant, certains suros mal placés ou particulièrement exubérants, peuvent provoquer des boiteries chroniques difficiles à soigner. Il est donc important de ne pas les prendre à la légère. Une prise en charge précoce et adaptée, ainsi qu’un bon suivi sont nécessaires pour permettre d’en limiter la gravité.