Faire pouliner sa jument est une décision importante quand on est propriétaire. C’est une expérience qui s’annonce passionnante et gratifiante. Cela vous permet de continuer cette belle histoire qui vous lie à votre jument. Élever sa future monture, est-ce une bonne affaire ? Est-ce risqué pour votre jument ? Quels sont les premiers gestes à avoir quand le poulain arrive ? Nous allons répondre à ces questions afin de vous accompagner.
Quelques précautions avant de faire pouliner sa jument
Il y a mille et une raisons de faire pouliner sa jument; mais il existe aussi quelques pièges. Il s’agit d’un investissement humain, financier et sentimental important. Ce n’est pas une décision à prendre à la légère.
Il est souvent moins cher de faire les choses par soi-même, mais est-ce que c’est la même chose avec l’élevage ? Peut-être, mais encore faut-il en avoir les compétences… et un peu de chance.
- Avez-vous du terrain ? Si oui, tant mieux, sinon, il faudra compter la pension pour la jument et son poulain pendant quelques années. Même si vous avez des terres, il peut être obligatoire de laisser la jument en pension au haras pour réaliser l’insémination au meilleur moment. Même chez vous, il faudra apporter au poulain des soins, une bonne alimentation, des vaccins et vermifuges… Tout cela a un coût.
- Les frais liés à la saillie : il faudra choisir un étalon. Les prix varient en fonction de sa réputation, de la qualité de sa production et de ses performances sportives. Globalement, il faut compter au moins 1000€ avec une garantie poulain vivant. À cela s’ajoute la réservation de l’étalon, 200€ minimum, ainsi que les frais de suivi par le haras, environ 250€.
- Enfin, il faut que tout se passe bien d’un point de vue « médical ». Votre jument est en bonne santé, elle est rapidement pleine, la gestation se passe bien et le poulain naît en bonne santé. Tout cela n’est pas écrit à l’avance, demande du savoir-faire et des soins.
D’un point de vue financier donc, il faut pouvoir prendre en compte tous les éléments et mesurer la part de risque que cela implique.
Comment choisir le haras et le type de saillie ?
Pour faire pouliner sa jument, une première fois et avoir une meilleure chance de fécondité, nous vous conseillerons de privilégier l’IAF (Insémination Artificielle de semence Fraîche). L’insémination artificielle permet de préserver votre jument par rapport à la monte naturelle qui peut risquer de la blesser. De plus, avec ces techniques modernes, le centre d’insémination pourra effectuer l’opération au meilleur moment et avec une grande précision. Prélevée le jour même, la semence garde une belle qualité par rapport à de la semence congelée (IAC). En revanche, l’IAC est très pratique puisque l’étalon et la jument ne sont pas obligatoirement au même endroit. Avec l’IAR, comme pour l’IAC, la jument ne doit pas nécessairement être sur place. La semence est expédiée et n’arrive généralement que le lendemain au centre de mise en place.
Choisir l’étalon
C’est un choix très personnel que celui de l’étalon le plus approprié. Si vous n’êtes pas à l’aise dans cette discipline, le mieux est de contacter le haras avec lequel vous allez travailler. Pour la première saillie, nous vous conseillons de choisir un étalon avec une morphologie adaptée à votre jument. Ne mettez pas un trop gros gabarit sur une trop petite jument… Attention à faire un choix de race cohérent et à vérifier la consanguinité avec l’outil de l’IFCE.
Ensuite, attention aux idées préconçues et aux solutions miracles. Ce serait trop beau si on pouvait amener les qualités d’un étalon afin de gommer les « défauts » de la jument. La génétique est plus complexe que cela, et sachez que la jument transmet la majorité des caractéristiques. Nous pensons qu’il est préférable de choisir un étalon avec des qualités similaires à votre jument. En faisant cela, vous aurez plus de chances de retrouver les qualités attendues sur votre poulain. Il est tout de même évident que si le défaut principal de votre jument est son amplitude, il peut être intéressant de se pencher sur un étalon avec une belle action et espérer qu’il la transmettra. Il est d’ailleurs vivement recommandé de regarder les performances et les vidéos des produits de l’étalon pour savoir ce qu’il transmet en général.
En bref : Trouvez un haras proche de chez vous avec un étalon disponible en frais. Privilégiez la qualité de la production de l’étalon à son palmarès sportif. Essayez d’accentuer les qualités de votre jument plutôt que de gommer ses défauts.
La préparation et le suivi nécessaires pour faire pouliner sa jument
Quels sont les critères pour savoir s’il est possible de faire pouliner sa jument ?
Il faut savoir qu’au-delà de 15 ans la fertilité diminue, surtout si c’est le premier poulain. Dans tous les cas ; il faut veiller à ce qu’elle soit en bonne santé. Si vous l’arrêtez du sport, assurez-vous qu’elle est apte à faire un poulain. Il faut que votre jument soit saine d’un point de vue ostéoarticulaire pour supporter cette prise de poids. Pour une jument qui a été opérée d’une colique, attention que tout soit en ordre et que la cicatrice ne risque rien durant la gestation. N’hésitez pas à demander l’avis à votre vétérinaire. Aussi, son état jouera sur sa fertilité. Pour faire pouliner votre jument il faut éviter qu’elle soit trop maigre ou trop grosse.
Les soins et l’alimentation pour faire pouliner sa jument
Côté soins, veillez à la bonne couverture vaccinale de notre jument (grippe, tétanos a minima). D’ailleurs, si vous souhaitez connaître les vaccins obligatoires, nous avons rédigé cet article. Nous ne pouvons que conseiller d’effectuer le vaccin contre la rhinopneumonie, surtout si la jument est amenée à être en pension dans un établissement avec d’autres chevaux.
Durant les premiers mois de gestation, il n’y a pas d’alimentation particulière à donner. Comme toujours, il faut privilégier un foin de qualité, riche en fibres et compléter si besoin avec des céréales.
Dans les 3 derniers mois, c’est là que le fœtus passe de 7/8 kg à 50/60kg. Naturellement, les besoins nutritionnels de la mère évoluent. Cependant, il faut faire très attention à ne pas l’engraisser, la prise de poids due à sa gestation est déjà importante. Pour améliorer la qualité nutritionnelle de l’alimentation sans engraisser la jument, vous pouvez vous pencher sur les compléments alimentaires. Nous avons trouvé le Bonutron Stud G1-16 qui est actuellement testé par un membre de notre équipe !
Pour le suivi de la gestation, ce sera le centre de mise en place qui effectuera toutes les vérifications et échographies.
La mise bas et les premiers pas du poulain
Après 11 mois de gestation, la jument va montrer des signes de mise bas. Le signe le plus facilement observable sera le développement mammaire et la sécrétion d’une cire. Dans le même temps, la vulve se relâche et le travail va commencer.
La meilleure solution est de proposer à la jument un endroit calme, sécurisé, propre et assez grand. Une belle stabulation avec une litière neuve sera parfaite.
Pour la mise bas, là encore, nous vous conseillons de vous rapprocher d’un professionnel car il est obligatoire de la surveiller de près. À savoir que 90% des mises bas se font la nuit. Les professionnels ont maintenant des outils pour les aider à surveiller les juments (caméras et ceintures de poulinage qui indiquent quand la jument s’allongera…)
En bref
Il faut garder en tête que nous travaillons avec du vivant. Même si on nomme souvent un poulain « produit », il s’agit bien d’un animal, doté de sensibilités et vulnérable. Il peut se passer beaucoup de choses entre votre prise de décision de faire pouliner votre jument et les premières foulées de galop sur le dos de sa progéniture. Ne soyez pas pessimiste, cela n’apporte rien, mais soyez lucide et patient. Il faut continuer de rêver à la naissance d’un futur crack, mais ne pas jouer son avenir et toutes ces économies dans ce projet. Patience et pragmatisme sont de rigueur pour vivre l’expérience sereinement.